Lucie avait le coeur tout cabossé. On lui disait souvent qu'elle prenait tout trop à coeur. Lasse d'être malmenée, elle avait fermé la porte pour se protéger des heurts. Elle avait enfilé une armure qui cachait l'or de son coeur.
Mais c'est lourd une armure et elle avait souvent l'impression que son coeur était aussi pesant qu'une enclume. Sous l'acier, il battait mais il s'ennuyait à force de ne plus s'enthousiasmer, de ne plus aimer, de ne plus s'amuser. Il avait l'impression de ne plus exister.
Au fil du temps, l'armure qui était censée protéger Lucie s'était transformée en une prison froide et sombre où les visiteurs se faisaient plus rares.
Le coeur faisait de son mieux pour se faire entendre. Il se serrait si fort que Lucie en était toute oppressée. Il tentait de la réveiller, de l'alerter. Cela ne pouvait plus durer.
Inquiète que son coeur ne la lâche, elle réagit un matin de printemps. Elle posa la main sur lui comme pour lui mettre du baume au coeur. Elle l'écouta, lui accorda l'attention qu'il lui réclamait. Ce beau matin, elle sortit enfin de sa torpeur qui avait trop duré pour réaliser que l'armure ne la protégeait de rien, surtout pas de la tristesse ni de la peur et qu'elle la privait surtout de donner et de recevoir ce dont elle avait besoin pour être comblée.
Le moment était venu de fendre l'armure, de libérer le coeur de ce poids inutile et de laisser l'or briller.
Il y aurait des moments de bonheur, d'autres heurts mais Lucie n'était ni en sucre ni en verre. Elle se sentait finalement plus forte et surtout plus vivante en étant entière, maintenant qu'elle n'était plus coupée de son coeur.
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